Cela fait un long moment que je n’ai plus rien écrit dans mon blog. Mais me voilà de retour, avec une critique de roman : Helliconia, l’été de Brian Aldiss. Ce livre est la suite du Printemps d’Helliconia.
Helliconia, l’été débute environ 500 années terrestres après la fin du premier tome. La civilisation humaine de la planète a atteint un niveau technologique, politique et social similaire à celui de la Renaissance en Europe. À ce moment, c’est l’Été de la Grande Année, et beaucoup d’habitants craignent de finir brûlés par Freyr, le deuxième et le plus brûlant de leurs deux soleils (l’autre étant Batalix).
Rappelons qu’Helliconia orbite autour de Freyr en 1825 années de Batalix. Seuls les érudits de ce monde ont à peu près conscience de ce fait. Rappelons aussi qu’une station d’observation Terrienne, appelée Avernus, orbite autour de la planète pour l’étudier et transmettre toutes les informations vers la Terre. Dans ce deuxième tome, cette station va jouer un rôle important.
L’histoire
L’intrigue d’Helliconia, l’été est centrée sur Borlien, un royaume du continent central de la planète. Il partage avec ses voisins, Oldorando et Pannoval, une même religion, le culte du dieu Akhanaba, mais entretient avec eux une rivalité constante. Tous les trois pays, se prétendant civilisés, subissent des invasions constantes de leurs ennemis extérieurs : les hordes barbares de l’est et de l’ouest, et l’empire nordique de Sibornal. Ce dernier, technologiquement plus avancé, possède des fusils à poudre. Ces armes vont poser pas mal de problèmes aux royaumes du continent central.
Le roi de Borlien, JandolAnganol, essaie tant bien que mal de rester sur son trône. Il tente une alliance avec son voisin, Oldorando, pour s’opposer à ses ennemis extérieurs. Pour cela, il décide de répudier sa femme qu’il aime, la reine MyrdemInggala, pour épouser une princesse d’Oldorando, qui est à peine pubère. Ce geste va causer des grands bouleversements dans la région.
Au même moment, sur le satellite terrien Avernus, un tirage au sort vient d’avoir lieu. La personne choisie bénéficiera d’un séjour sans retour sur Helliconia. En effet, la planète entière est infectée par le virus hélico, qui, s’il est d’une grande importance pour la survie des Helliconiens, est fatalement mortelle pour les Terriens et les Averniens. Ces derniers sont donc condamnés à mourir sur la planète. Un des gagnants, le jeune Billy Xiao Pin, est prêt à tout pour rencontrer la reine MyrdemInggala dont il est amoureux. Son bref séjour sur Helliconia va grandement influencer le cours de l’histoire.
Jeux politiques, arrestations arbitraires, et assassinats se succèdent. Entre-temps, les phagors, ennemis ataviques des humains, survivent tant bien que mal à l’Été de la Grande Année. Persécutés par les humains, réduits en esclavage, ou protégés par le roi JandolAnganol, ils attendent le retour de l’Hiver pour régner à nouveau sur la planète.
Impression générale et critique
Helliconia, l’été me semble mieux construit que le tome précédent. Le récit est moins lourd à lire, l’action y est plus intense, et les retournements de situations sont plus dramatiques. Les intrigues politiques rappellent d’ailleurs le monde de Dune de Frank Herbert, sauf qu’il n’y a pas de “messie” qui contrôle le futur. Je trouve cependant deux défauts dans la narration : une trop grande dispersion dans les intrigues secondaires et une chronologie de l’histoire un peu lâche. Le récit gagnerait à être plus linéaire et plus condensé.
Par rapport au premier tome, Helliconia, l’été est plus centré sur les personnages que sur le changement climatique. Et quels personnages! Un roi tiraillé entre son amour et ses devoirs, un conseiller avide de savoir jusqu’à jouer de sa vie, un jeune homme fou qui désire se venger de son père, un Avernien qui renonce à une vie rangée pour accomplir son rêve…et mourir…Tous semblent dotés d’une vie propre, capables d’agir sans que l’auteur n’ait à intervenir. Reste que je n’arrive pas à m’attacher totalement à eux. C’est peut-être la faute à la trop grande dispersion des lignes narratives.
L’histoire secondaire centrée sur Avernus et sur la Terre apporte aussi des éléments intéressants, sur la genèse d’Helliconia, et sur la nature humaine en général. Malgré leur vie bien rangée mais artificielle, de plus en plus d’Averniens, dont Billy Xiao Pin, désirent quitter leur station et partir à l’aventure, quitte à mourir dans les jours qui suivent. Ainsi, le désir de vivre pleinement, même au prix de grands sacrifices, semble être le propre de l’homme, qu’il soit Avernien ou Helliconien.
Même si Helliconia, l’été se focalise très peu sur les transformations naturelles de la planète, les exposés « scientifiques » ne manquent pas. Qu’ils parlent de la faune, de la flore ou des races d’hominidés quasi-intelligents (qui donnent à un des personnages l’idée d’une théorie de l’évolution), tous ces discours s’intègrent dans le roman sans ralentir l’action. On apprend aussi un peu plus sur les phagors, leurs modes de vie, et l’origine de leur inimitié envers les humains.
Enfin, on y mentionne le seul élément de « fantasy » du monde d’Helliconia : la capacité des humains de converser avec les morts. Comment arrivent-ils à faire ça? Il s’agit probablement d’un mystère dont la clé ne sera présentée que dans le troisième tome, L’hiver d’Helliconia.
Une fois de plus, Brian Aldiss a réussi à intégrer avec brio des éléments scientifiques pour construire un monde cohérent. Malgré quelques défauts dans le scénario, le récit et l’évolution des personnages sont bien mieux menés que dans le premier tome. Néanmoins, même si la lecture m’a été plaisante, il manque encore quelque chose pour que je sois totalement conquise par cette histoire.
En conclusion, Helliconia, l’été reste un bon livre, qui décrit un monde cohérent, et dans lequel on suit le destin de personnages hauts en couleurs. Un agréable moment de lecture.
Ping :Helliconia, l’été, de Brian...
Je vais le commencer sous peu, tu m’as donné envie de boucler le cycle.
Bien contente que mon article t’ait inspiré. 🙂