Il y a des lunes brillantes, d’autres plus ternes, certaines rougeâtres…Mais des lunes bleues ? À part les quelques photos retouchées sur internet (dont la bannière de ce blog, bien sûr), je doute fort que vous ayez aperçu une de cette couleur dans le ciel. Alors, les lunes bleues, des fables de Schtroumpfs ?
Pas du tout ! Elles existent. Mais cela n’a rien à voir avec leur couleur. Une lune bleue, c’est tout simplement la deuxième pleine lune du mois. En effet, un cycle lunaire dure entre 29 et 30 jours, et un mois calendrier entre 30 et 31 jours (sauf pour le mois de février). Les jours « de trop » s’accumulent dans l’année et il arrive de temps à autre que certains mois aient deux pleines lunes. C’est le cas du mois passé, avec une pleine lune le 1er juillet et une autre le 31 juillet. Cet événement se répète tous les 32 mois environ, et il faudra attendre janvier 2018 pour assister à sa prochaine manifestation.
« Lune bleue », une expression qui n’a rien à voir avec sa couleur
Mais pourquoi appeler ce genre de lune une lune bleue ? Il s’agit en fait d’une expression anglophone longtemps utilisée pour désigner des choses absurdes ou improbables. On ne connaît pas son origine, mais on pense que le mot « blue » de « blue moon » est utilisé pour remplacer le mot « belewe », qui en Vieux Anglais signifie traître (« betrayer »). Ainsi, au lieu d’une lune bleue, on devrait comprendre une « lune traître » (« betrayer moon »), qui perturberait la perception des saisons aux yeux des agriculteurs.
La plus ancienne trace écrite de cette expression provient de Rede me and be nott wrothe, un pamphlet anglais de 1528, dans lequel les auteurs, William Roy and Jerome Barlow, critiquent le dogmatisme de l’église de leur époque. Le passage est le suivant :
O churche men are wyly foxes (…) Yf they say the mone is belewe / We must beleve that it is true / Admittynge their interpretacion. (ed. Arber 1871 p. 114)
Ce qui peut se traduire par « Ô, les hommes d’églises sont des renards rusés (…) S’ils disent que la lune est bleue, nous devons croire que c’est vrai, en admettant leur interprétation. »
Le terme est aussi mentionné dans l’Almanach des agriculteurs du Maine (paru entre le 19e et le début du 20e siècle). On y définit la lune bleue comme la troisième lune dans une saison où il y a exceptionnellement 4 lunes.
Mais c’est à une erreur journalistique que l’on doit la définition actuelle de lune bleue. Elle a été publiée en mars 1946 dans un article du magazine Sky and Telescope, “Once in a Blue Moon”, écrit par James Hugh Pruett. L’auteur, ayant mal interprété l’Almanach des agriculteurs du Maine, conclut que la lune bleue est la seconde lune dans un même mois. Depuis on utilise cette dernière définition pour désigner cette occurrence.
Et les lunes de couleur bleue ?
Voilà pour la définition de lune bleue. Or, peut-on voir des lunes de couleur bleue ? Oui, c’est possible. S’il y a un feu de forêt ou une éruption volcanique, les particules éjectées peuvent diffuser la lumière rouge et jaune, donnant de cette façon une lune de couleur bleuâtre. Ainsi, des lunes en bleu ont été aperçues lors de l’éruption du Krakatoa en 1883, du mont St-Helens en 1981 et du Pinatubo en 1991, et aussi lors des feux de forêt en 1950 et 1951 en Suède et au Canada.
Cependant, pour qu’un tel phénomène puisse exister, il faudrait qu’il n’y ait quasiment que des particules dont la taille dépasse légèrement 0,7 micromètre (la longueur d’onde qui correspond à la lumière rouge). Des telles conditions sont très rarement réunies, car les cendres et les fumées des feux et éruptions volcaniques sont le plus souvent des particules de tailles différentes. Ces dernières ont plus tendance à diffuser de la lumière bleue, ce qui donne une lune de couleur rougeâtre.
Pour cette raison, vous aurez bien plus de chances de découvrir une lune rouge dans le ciel qu’une lune de couleur bleue. Mais cette année nous a donné l’occasion d’avoir une pleine lune supplémentaire, une lune bleue qu’amateurs et professionnels se sont empressés de photographier. Les images ci-dessous vous le confirmerons : les lunes, bleues ou non, sont tout simplement magnifiques.
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