J’apprécie beaucoup les récits de science-fiction qui mélangent des éléments scientifiques avec des épopées humaines, planétaires, ou galactiques. Le printemps d’Helliconia de Brian Aldiss en fait partie.
L’auteur, un Anglais bien connu dans le genre de la science-fiction, a été décoré par l’Ordre de l’Empire britannique en 2005 pour sa contribution à la littérature. Sa trilogie d’Helliconia est elle-même un des incontournables dans le sous-genre de la planet opera, même si ce cycle est cependant moins populaire que celui de Dune de Frank Herbert ou celui d’Hypérion de Dan Simmons.
Je triche un peu ici, car j’avais déjà lu ce livre depuis plus d’un an. Cependant, le second tome de la trilogie, Helliconia l’Été, fait partie de mes prochaines lectures. Donc, pour vous mettre l’eau à la bouche, voici la critique du premier tome.
L’histoire
Rien ne vaut une petite vidéo (en anglais) pour donner un aperçu de l’univers de ce cycle :
Helliconia est une planète qui ressemble beaucoup à la Terre. Mais elle a une particularité : elle a deux soleils, Batalix et Freyr. Alors que la planète tourne autour du premier en 480 jours, elle accompagne Batalix dans son parcours autour de Freyr, en plus de 2500 années terrestres. Parce que Freyr est une étoile géante, et que la grande orbite est très elliptique, Helliconia connaît un terrible hiver de plus de cinq cents ans, un été torride de même durée, et entre les deux un bref printemps.
Ces saisons sont si longues que les peuples qui y vivent n’en conservent pas le souvenir, sauf dans les légendes. Les deux groupes principaux, les phagors et les humains, mènent continuellement une guerre mutuelle dont l’issue varie selon les saisons. Alors que les phagors règnent sur la planète en hiver, les humains la dominent en été. Toutes leurs péripéties sont d’ailleurs observés de loin, sur Avernus, un satellite artificiel peuplé de scientifiques Terriens.
Le Printemps d’Helliconia est constitué de deux parties. Dans la première, on suit les péripéties de Yuli, chasseur nomade qui fuit l’hiver « éternel » et les phagors en se réfugiant dans une ville souterraine. Là, il devient prêtre, puis tombe amoureux, perd la foi, et quitte la ville souterraine pour s’installer avec son épouse dans un village à l’extérieur. La deuxième partie relate l’histoire de quelques descendants de Yuli, en particulier de Laintal Ay, jeune homme déshérité de sa position de chef de son village. Il sera témoin du dégel progressif de la planète, des conséquences de ce changement climatique dans son monde ainsi que d’une révolution scientifique.
Impression générale et critique
Cela fait bien plus d’un an que j’avais lu le printemps d’Helliconia, mais, globalement, j’en ai gardé une très bonne impression. Tout au long de la lecture, on s’imprègne de l’univers et du rythme des saisons et des changements environnementaux dans ce monde. Les personnages du récit, humains dans leurs qualités et défauts, donnent beaucoup de relief dans l’histoire.
Mais l’immersion n’est pas totale, à cause des Terriens d’Avernus. Ceux-ci observent tout ce beau monde du haut de leur satellite comme des spectateurs de télé-réalité. Ainsi, l’éthique scientifique de non-interventionnisme est elle-même mêlée à la tendance incorrigible de l’espèce humaine au voyeurisme à la « Truman Show ». Voilà un thème intéressant à traiter!
Ce qui est le plus marquant dans ce livre, c’est que l’étrangeté du monde créé est en très grande partie basée sur des éléments scientifiques. La biologie, la géologie, l’ethnologie, l’astronomie, l’archéologie etc. jouent un rôle déterminant dans la construction de l’univers. Cela donne poids à son réalisme, mais sans les descriptions longues et compliquées sur les théories, comme on en trouve souvent dans les romans de hard science-fiction. Brian Aldiss avait lui même consulté de nombreux spécialistes scientifiques, notamment pour les détails sur le système à deux soleils de la planète.
Néanmoins, le style du récit est lourd à lire, ce qui diminue l’appréciation de l’œuvre. C’est bien dommage. Mais, en tant que planet opera, j’estime que ce livre vaut le passage.
Bref, avec Le Printemps d’Helliconia, Brian Aldiss démontre qu’on peut créer une grande épopée en science-fiction avec de la bonne science, tout en lui donnant le même souffle de roman-univers qu’une planet opera.
Pas d’encart scientifique dans ce billet. Les planètes à deux soleils méritent, selon moi, un article à part. Rendez-vous dans les prochains posts pour en savoir plus.
J’en garde aussi un bon souvenir, et pourtant jamais eu occasion de lire la suite ! Il faudrait pourtant.
D’après ce que je sais, la suite n’en est pas vraiment une (histoire différente, personnages différents, saison différente 😉 ). Mais le cadre est le même. Je prévois de le lire dans les jours qui suivront.
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