À l’occasion de la Journée Mondiale des Océans, le Musée Royal des Sciences Naturelles a ouvert ce dimanche 7 juin ses portes au grand public. Cela a été l’occasion de le sensibiliser à la préservation des océans et de la biodiversité marine. En collaboration avec le projet européen Sea for Society, des activités variées animent cette journée. Une conférence sur les mammifères marins échoués en constitue une des principales attractions.
Un autopsie d’un marsouin et d’un phoque devait avoir lieu. Pas de chance! Les cadavres, conservés dans le froid, étaient beaucoup trop congelés pour qu’on les découpe. Qu’à cela ne tienne! Les conférenciers, le vétérinaire Thierry Jauniaux (Université de Liège) et Jan Haelters de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB) en ont profité pour nous donner une intéressante discussion sur leur travail et sur les animaux échoués en Belgique.
On apprend ainsi que la côte belge, longue d’à peine 100 km, est l’endroit où il y a le plus de mammifères marins échoués en termes de densité : le nombre de victimes est passé de 1 à 2 animaux par an durant les années 90s à plusieurs centaines par an en 2013, dont 180 marsouins. Pourquoi y-a-t-il une augmentation si soudaine? Quelles en sont les causes? Voilà des énigmes que, comme des détectives, ces scientifiques vont tenter de résoudre.
Des analyses d’animaux échoués dans la mer du Nord, les scientifiques ont déduit plusieurs choses :
- 35% de ces marsouins échoués auraient été victimes des filets des pêcheurs
- La pollution et les déchets humaines en constituent une cause non négligeable. On a ainsi découvert des cadavres de phoques morts étouffés par des sacs en plastique.
- La pollution aurait un effet plus indirect, en favorisant l’apparition de maladies chez ces animaux
- Il y a aussi des causes qui ne sont pas d’origine humaine. Parmi celles-ci figurent les attaques des phoques gris sur les marsouins.
Cette dernière cause semblait, dans un premier temps, peu crédible. Les phoques ne sont pas des prédateurs naturels des marsouins. Mais le cadavre de marsouin présenté dans cet auditoire a bien été tué par un phoque. Les conférenciers vont alors nous présenter une série d’indices pour nous en convaincre : anatomie de la mâchoire du phoque, analyse de la morphologie et de l’ADN des blessures du marsouin (lacérés par les dents d’un phoque), et témoignages de phoques en plein acte de « torture » de marsouins. Ainsi, les phoques gris sont vraiment loin d’être les gentils animaux de notre imagination.
La présentation nous dévoile ainsi l’importance du travail de ces personnes. En autopsiant ces animaux échoués, elles identifient les causes de leurs morts. Si les activités humaines en sont responsables, elles peuvent influencer les politiques pour diminuer cette hécatombe (par exemple, en proposant d’installer des appareils bruyants pour éloigner les marsouins des filets). Mais protéger les océans est aussi la responsabilité de tous et de tous. Jetons moins de déchets et de polluants, et nous éviterons ainsi la mort inutile d’un mammifère marin.
Pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez encore découvrir l’entièreté de cette conférence en vidéo (en français et en néerlandais).